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Inspecteur de l’Education, Coordonnateur pédagogique
Direction de la solidarité Numérique/ADIE
Le contexte
Les technologies de l’information et de la communication (TIC) constituent de nos jours de puissants leviers pour le développement et sont en train d’impacter tous les secteurs de la vie. Elles ont un impact réel sur la productivité, la croissance, la santé et l’emploi. Pourtant, malgré des progrès considérables réalisés par certains pays émergents, des fractures numériques multiples se creusent, accentuant ainsi les déséquilibres déjà existants.
Le Sénégal, à travers ses plus hautes autorités, a montré une volonté politique réelle pour promouvoir les TIC dans tous les secteurs de la vie économique et sociale. Concernant le secteur de l’éducation, il faut noter que cette volonté politique s’est
matérialisée déjà en 2000 à l’occasion du forum de Dakar sur l’Education pour tous (EPT), où le défi d’amélioration de l’éducation intègre désormais une dimension qualitative ; c’est-à-dire que l’école doit compter sur l’intégration des TIC dans sa quête de la qualité. En 2005, le séminaire sur « les Technologies de l’Information et de la Communication au service de l’Education au Sénégal », tenu conjointement par le Ministère de l’Education et la Coopération française, a réaffirmé dans ses actes, les options de l’Etat dans le domaine des TIC. Il y’a également la lettre de politique sectorielle, qui, traitant des stratégies d’amélioration de la qualité, stipule : « cette qualité sera développée en s’appuyant sur la promotion des TIC pour la gestion administrative et l’amélioration des pratiques pédagogiques ».Cette orientation est aussi affirmée dans le document du Programme Décennal de l’Education et de la Formation(PDEF) qui postule « l’extension de l’utilisation des nouvelles technologies par :
- La connexion des établissements à internet,
- Le développement de l’enseignement de l’informatique,
- L’utilisation des NTIC comme moyen d’amélioration des processus d’enseignement/apprentissage,
- L’utilisation des NTIC pour une gestion des établissements orientée vers la recherche de la qualité…»
En 2012, l’Etat du Sénégal a adopté le nouveau programme du secteur de l’Education intitulé PAQUET (Programme d’Amélioration de la Qualité, de l’Equité et de la Transparence).
Ce programme, qui est le cadre d’opérationnalisation de la politique éducative pour la période 2012-2025, stipule que « la promotion des TIC dans le secteur de l’éducation (TICE), offre un levier historique et un moyen exceptionnel au Sénégal d’accélérer son intégration harmonieuse dans l’économie mondiale et transformer positivement le destin de sa population par la réduction de la « fracture numérique ».
L’Agence De l’Informatique de l’Etat (ADIE) n’est pas aussi en reste. Elle a mis en place depuis 2012 la Direction de la Solidarité Numérique (DSN).
Les enjeux
La DSN a pour mission générale l’intégration pédagogique des TIC dans le système éducatif, grâce au recyclage utilitaire et durable des équipements informatiques.
Les salles multimédias qu’elle installe dans les établissements scolaires publics permettent à notre école de se doter d’outils numériques capables de révolutionner
l’apprentissage et l’enseignement et cela dans un contexte marqué par un accroissement considérable des besoins de formation des enseignants.
En effet, dans la dernière décennie, le Sénégal a procédé à un recrutement massif de maîtres, notamment d’enseignants non fonctionnaires face au défi de l’éducation pour tous. Tout en relevant très sensiblement son taux brut de scolarisation avoisinant les 95% en moyenne, notre pays est de plus en plus confronté à l’épineux problème de l’amélioration de la qualité de l’enseignement dépendante, elle aussi, dans une large proportion, de la qualification pédagogique des maitres.
Il demeure ainsi de plus en plus indispensable de recourir à des stratégies susceptibles de compenser les déficits de formation constatés. L’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) offre de larges opportunités de capitalisation de savoir-faire pédagogique.
Ainsi, grâce au projet « salles multimédia », plus de 100 établissements scolaires ont bénéficié d’ordinateurs, d’une connexion internet et de ressources pédagogiques numériques dans différentes disciplines.
A l’élémentaire, quelques logiciels ont été installés.
J’en cite quelques-uns :
- Apprendre ou réviser les figures et solides géométriques. Il s’agit pour l’enfant à partir de son clavier d’apprendre les figures planes, de vérifier s’il les connait et de définir les caractéristiques des figures et des solides géométriques.
Déclic :
- C’est un logiciel de géométrie au sens qu’il permet de construire à la souris toute figure constructible à la règle et au compas. Ses éléments de base sont le point, la droite, le cercle, le segment. Il s’agit d’un véritable cahier de brouillon interactif.
Geonext :
- Ce logiciel offre des possibilités de visualisation qui ne sont pas réalisables avec un papier, un crayon et des outils de construction traditionnels, ni même au tableau. Il permet une découverte des notions mathématiques.
Lego :
- Logiciel qui aide à construire par superposition des objets sur la base de modèles.
Polypro :
- Il permet une identification des solides géométriques platoniciens. Quadrillage : Il permet de reproduire par quadrillage des modèles qui sont proposés.
Symétrie arc en ciel :
- C’est un logiciel qui permet aux enfants de s’entraîner à la construction de symétrie par rapport à un axe. Le premier exercice peut être employé dans des activités de soutien ou de remédiation.
Les défis à relever
Le projet « salle multimédia », partie intégrante du programme solidarité numérique repose essentiellement sur une politique de collecte d’ordinateurs pour atteindre les zones les plus reculées du Sénégal.
Pour ce faire l’ADIE doit :
- définir un bon guide pratique de recherche et d’acceptation des équipements en mettant en exergue les conditions adéquates préservant l’intérêt du Sénégal sous le principe « recevoir des équipements mais préserver son environnement » ;
- mettre en place un système de collecte d’équipements informatiques ouverts à des partenaires nationaux et internationaux ;
- Prévoir l’achat éventuel d’équipements sur le marché à prix régulé ;
- Participer de façon active à l’élaboration d’un document d’orientation pour l’intégration des TIC dans le système éducatif en contribution à la politique sectorielle sur les TICE initiée depuis longtemps par le MEN ;
- Étendre la couverture internet à tout le territoire national afin de démocratiser l’accès au savoir et à la connaissance ;
- Finaliser le cadre légal sur les déchets des équipements électriques et électroniques (DEEE), qui devra permettre de collecter beaucoup de ressources financières capables de financer les activités de ce projet ;
Envisager la mise en place de plateformes d’enseignement à distance et travailler en synergie avec tous les acteurs pour l’élaboration de contenus pédagogiques numériques profondément enracinés à nos valeurs, mais aussi ouverts à l’extérieur.
Avoir des « têtes bien faites » et non des « têtes bien pleines » Les mesures préconisées, aideront certainement à la qualité du système éducatif à travers une remise en cause de certaines théories et pratiques d’enseignement / apprentissage.
En effet, il est aujourd’hui admis qu’un système d’enseignement n’est efficace que s’il s’appuie sur le modèle de l’apprenant et cela depuis que le paradigme de l’enseignement/apprentissage s’est déplacé du pôle enseignant au pôle élève. Ce changement de paradigme fait apparaitre dès lors quatre principes :
- Le principe de structuration qui fait que l’enfant apprend en construisant ses connaissances plutôt qu’en les juxtaposant, Le principe d’activité qui amène le sujet à apprendre en agissant sur le monde qu’il organise en s’organisant lui-même,
- Le principe de progression où le sujet n’apprend qu’en étant confronté à une difficulté réelle,
- Le principe de régulation qui permet à l’élève d’apprendre en développant tout au long du processus des stratégies de régulation métacognitive de son action, qui lui permet d’agir sur ses connaissances et de contrôler la conformité par rapport au résultat attendu.
Tous ces principes trouvent leur champ d’application dans l’ordinateur et l’internet grâce à l’interactivité, la créativité, l’autonomie, l’individualisation, le libre choix de l’itinéraire pédagogique.
Le développement de diverses compétences est ici de mise et cela à travers une logique de construction de connaissances avec l’utilisation par l’élève des TIC.
Dès lors, il s’agira pour chaque enseignant d’élaborer dans sa classe des stratégies pédagogiques permettant à ses élèves d’utiliser l’outil informatique pour apprendre. Pour y parvenir, il doit installer chez eux les compétences minimales.
Finalement, ce que l’école ne peut pas faire, l’ordinateur devrait pouvoir le réaliser en servant de précepteur privé à l’élève en :
- Développant un échange continuel entre les savoirs à apprendre et l’élève,
- Présentant à l’élève des savoirs progressivement programmés et qui tiennent compte de son niveau,
L’élève accède au savoir sans recourir au maître, le plaçant dans une situation d’autonomie.
La finalité est d’avoir des « têtes bien faites » et non des « têtes bien pleines ».